"Ce courrier du rectorat n'est pas une exception, c'est un genre de courrier type "
France Bleu Paris , France Bleu, Dimanche 17 septembre 2023 par Simon Cheneau
La lettre "choquante" du rectorat de Versailles envoyée aux parents d'un enfant de 15 ans qui s'est suicidé début septembre jette une lumière crue sur le manque de considération envers les victimes de harcèlement et leurs familles, disent les associations et les élèves harcelés.
Il y a quelques années, quand Elian Potier a signalé à son école qu'il était harcelé, on ne l'a pas vraiment entendu. "Moi, on m'a clairement dit que si j'avais un problème ou que je ne me sentais pas en sécurité, il fallait que je parte."
Alors pour cet ancien élève harcelé, aujourd'hui président de l'association Urgence harcèlement, cette lettre du rectorat de Versailles envoyée à des parents dont l'enfant s'est suicidé début septembre, leur rappelant les risques d'une dénonciation calomnieuse, ça ne passe pas : "J'ai été tout simplement choqué, dit-il au micro de France Info. Recevoir ce genre de courrier en 2023, c'est impossible."
Choqué aussi, le gouvernement l'a été : "Une honte", a déclaré Gabriel Attal, le ministre de l'Éducation nationale. Un courrier "choquant", a commenté aussi la Première ministre Élisabeth Borne.
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"Ce n'est pas une exception, c'est même un genre de courrier type"
Selon l'avocate en droit de l'Éducation Valérie Piau, qui traite constamment d'affaires de harcèlement scolaire (que ce soit du côté des harcelés ou des harceleurs), "ce genre de courrier du rectorat, ce n'est pas une exception." "C'est même un genre de courrier type", affirme-t-elle.
Elle en veut pour preuve les multiples cas où ses clients ont reçu une lettre du genre : "C'est de dire, vous portez des accusations, vos accusations c'est qu'au sein de l'établissement on ne gère pas une situation, vous mettez en cause l'institution, on se réserve le droit de poursuites pour dénonciation calomnieuse."
Des enfants victimes qu'on ne considère pas et des familles qu'on n'entend pas, Catherine Jacquet de l'association La main tendue, qui lutte contre le harcèlement scolaire, en croise "tout le temps, tout le temps, bien évidemment tout le temps, on n'est pas bon ! Le ministre de l'Éducation Gabriel Attal lui-même le reconnaît." Si elle reconnaît de nettes avancées, il reste encore selon Catherine Jacquet un manque criant de personnels formés aux questions de harcèlement dans les écoles.
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