Avocate spécialisée depuis plus de quinze ans dans le droit de l’éducation, Valérie Piau nous explique aujourd’hui en quoi l’orientation scolaire est une source de conflit entre les parents et les enseignants.
Comment naissent les conflits entre les familles et l’Education nationale ?
VALÉRIE PIAU. C’est quand les parents ont l’impression d’une injustice que le ton monte, entre eux et les enseignants ou les chefs d’établissements. Dans mon cabinet, je reçois des gens qui ont le sentiment de n’être pas écoutés, ou qui pensent que l’école n’agit pas, ou plus, pour le bien de leur enfant. Ils ont tous en commun la crainte que la scolarité de leur fils ou de leur fille soit en péril.
Quels sujets cristallisent le plus les tensions ?
VALÉRIE PIAU. Ceux qui poussent la porte de mon cabinet d’avocat ne viennent pas pour une simple mauvaise note. En général, ils se sentent vraiment en détresse. La question de l’orientation scolaire (en fin de 3e ou de Seconde, NDLR) est une grande source de conflits, de même que l’absence de réaction de l’établissement scolaire dans les cas de harcèlement entre élèves. D’autres me saisissent quand ils ne parviennent pas à obtenir les aménagements de scolarité nécessaires pour leur enfant en situation de handicap, ou quand leur ado se voit refuser une réinscription au lycée après un échec au bac.
Y a-t-il des parents qui exagèrent, ou exigent trop de l’école ?
VALÉRIE PIAU. Oui, comme dans tous les domaines. Certains sont dans la surprotection et auront tendance à se plaindre de toute sanction. Mais, la plupart du temps, leur démarche n’est pas belliqueuse : il s’agit moins pour eux de régler son compte à l’Education nationale que de trouver, le plus vite possible, la solution à un problème qui touche directement leur enfant. C’est le cas notamment quand les parents se mobilisent pour obtenir un remplaçant, en cas d’absence prolongée d’un professeur ou de poste vacant dans une école.
À votre avis, qu’est ce qui pourrait aider à déminer les conflits entre les parents et l’école ?
VALÉRIE PIAU. L’information des familles. Comme il y a un Code de la route, il existe un Code de l’éducation, mais beaucoup de gens l’ignorent totalement. Or, un cadre qui pose ce qui est autorisé ou pas aide à pacifier les relations. Sinon, les familles peuvent avoir le sentiment d’être soumises au règne de l’arbitraire.
* « Le guide Piau. Les droits des élèves et des parents d’élèves », Valérie Piau, éditions de l’Etudiant, 22 €.
LE PARISIEN – Publié le 29/08/018 par Christel Brigaudeau
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